mercredi 9 juin 2004

Luis Gonzalez Palma

Exposition : Du jeudi 09 septembre 2004 au samedi 16 octobre 2004

Malgré son importance sur la scène internationale de la photographie contemporaine, nous avons eu peu d’occasions de voir en France le travail de Luis Gonzalès Palma, hormis l’exposition que lui ont consacré les Rencontres internationales de la photographie d’Arles en 1991. Ses portraits d’indiens étaient exposés dans une chapelle baroque, lieu en accord avec la dimension mystique de son travail. Pour qualifier les oeuvres de cette période, plutôt que de portraits, il serait d’ailleurs plus juste de parler d’icônes, au sens religieux du terme, tant ils reposent sur l’archétype et le mythe. C’est en effet tout un monde, une histoire, une tragédie, qui habite le travail de Gonzalès Palma : celle des indiens de son pays (et de toute l’amérique latine), qu’il met en majesté, par un retournement douloureux et exempt d’ironie, comme des saints de cette religion qui fut un prétexte pour les colonisateurs. Les tirages de Gonzalès Palma sont généralement recouvert d’une glaçure d’un sépia sombre qui recouvre la totalité de l’image, certaines parties restant parfois en réserve (le blanc des yeux de certains visages, ce qui leur confère une qualité quasi hypnotique) : cette patine évoque peut-être celle des fresques et des peintures longtemps exposées à la flamme des bougies déposées par les fidèles devant les autels. Depuis cette exposition, le travail de Luis Gonzalès Palma s’est complexifié, dans sa forme comme dans ses préoccupations. Le visage reste très présent, mais la référence aux indiens n’est plus primordiale. Chaque oeuvre constitue un rébus, un collage qui juxtapose à la photographie des éléments qui vont en enrichir le sens, mais parfois aussi le rendre plus énigmatique. Gonzalès Palma construit ses oeuvres comme on réaliserait une amulette ou une offrande votive, par des ajouts de tissus brodés, d’écritures («Destino II, 2002»), ou de divers éléments graphiques («Homenaje, 2003»). Les photographies elles-mêmes font fréquemment une incursion dans l’onirisme, comme dans «Consequentia, 2003» ou les enfants ont des têtes d’animaux. Dans ses travaux les plus récents (2004), les images, toujours porteuses d’une forte charge symbolique, baignent dans une lumière dorée et, collées sous plexiglas, renoncent à ce travail sur la matière et le collage. La forme s’épure, l’énigme n’en est que plus prégnante, d’une envoutante poésie.